L’accolade est presque une étreinte. «Bienvenue, on t’attendait», lance un Jean-Luc Mélenchon tout sourire à son «ami et camarade» grec, Alexis Tsípras. Plus que le leader du parti frère Syriza, c’est le meilleur espoir de la gauche radicale européenne qui est de passage à Paris - et qui rencontre séparément Mélenchon et le leader communiste, Pierre Laurent, toujours en froid.
Après avoir considérablement augmenté son nombre d’élus au Parlement grec, la formation de Tsípras peut espérer remporter les élections locales, fin mai. Une victoire qui dynamiserait ses alliés dans l’UE. D’autant qu’au même moment, le presque quadra postulera, au nom du Parti de la gauche européenne, à la présidence de la Commission. Sa principale revendication, l’organisation d’une «conférence sur la dette» devant aboutir à un moratoire. Et en toute indépendance vis-à-vis de socialistes «qui se transforment en réactionnaires néo-libéraux».
De quoi stimuler la «gauche de la gauche» française. Certes, «ce ne sera pas évident de provoquer un tel retournement dans tous les pays» et donc de porter Tsípras à la tête de la Commission, reconnaît Mélenchon après une entrevue de plus d’une heure. Toutefois, «avec Alexis, nous signalons à tous les peuples d’Europe que nous sommes candidats à gouverner. Cet homme a une volonté inflexible, […] il n’offrira aucune compromission» aux sociaux-démocrates. «Pour moi, c’est un exemple», ajoute-t-il, promettant à l’adresse de son invité : «Si tu gagnes, on apprend tous le grec.»